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Cathédrale de Lausanne, 2 octobre 2011. Bénédiction donnée par Mgr Rémy Berchier (Eglise catholique romaine), Christoohe Schuler (Eglise catholique chrétienne) et Esther Gaillard (Eglise évangélique réformée du canton de Vaud).

50 bougies illuminaient le chœur de la cathédrale de Lausanne pour les 50 ans de la fondation de l’Action de Carême des catholiques suisses (AdC) et de son homologue protestant Pain pour le Prochain (PPP) le soir du 2 octobre. Engagées depuis un demi siècle « pour un monde plus juste », ces œuvres d’entraide voulaient également remercier à cette occasion les Eglises, les bénévoles, les animateurs et toutes les personnes qui ont œuvré pour sensibiliser l’opinion publique aux question de développement et au problème du fossé Nord-Sud.
En 50 ans, AdC et PPP- rejoints il y a deux décennies par l’ONG catholique chrétienne Etre partenaires (EP) – ont mené ensemble 43 campagnes de carême, « une expérience œcuménique unique en Europe », a souligné à cette occasion la pasteur Martina Schmidt, secrétaire romande de PPP.

Hommage aux milliers de bénévoles
Des milliers de bénévoles, les paroisses et les Eglises, durant les campagnes de carême, ont soutenu ces œuvres d’entraide chrétiennes par leur travail, leurs convictions et leurs contributions financières « pour faire avancer la conscience qu’un monde plus juste est possible ». « Faire comprendre chez nous, en Suisse, les raisons structurelles de la pauvreté est le premier pas pour soutenir nos partenaires du Sud et les aider à s’en sortir », a-t-elle ajouté.
Quelques 200 personnes, représentants de la base – équipes pastorales de la région de Payerne, groupes de catéchisme de la Vallée de Joux et de la région d’Orbe, animateurs des réseaux de solidarité des Eglises, groupes de jeûneurs – avec les collaborateurs des secrétariats romands de PPP et de l’AdC, des personnalités du monde politique, économique et ecclésial se sont rassemblés sous les hautes voûtes de la cathédrale gothique. Les discours des invités à cette célébration de la Parole, au ton plutôt austère, étaient contrebalancés par les rythmes africains chaloupés de la chorale de la communauté camerounaise de Saint Joseph, de Lausanne.

La vocation de l’Unité
Les participants ont été accueillis par le pasteur Martin Hoegger, au nom de la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV), puis par Esther Gaillard, présidente du Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), Mgr Rémy Berchier, vicaire général du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) et Christoph Schuler, curé de la paroisse catholique-chrétienne de Berne. D’emblée, le pasteur Hoegger a rappelé que cet édifice prestigieux a une vocation particulière, celle de l’Unité.
Depuis 2004, l’ancienne cathédrale Notre-Dame de Lausanne, devenue depuis la Réforme de 1536 le centre de la piété protestante vaudoise, accueille sous les auspices de la CECCV une Eglise, une communauté ou un mouvement chrétiens pour animer une célébration de la Parole. A l’occasion de cette célébration d’anniversaire, c’est le thème biblique de l’Année jubilaire (Lévitique 25.8-22) qui a été choisi.
« L’année du jubilé, cela signifie s’arrêter pour se souvenir d’où l’on vient. Et seulement lorsque nous comprenons d’où l’on vient, nous savons où nous allons. Le judaïsme ancien – à ne pas confondre avec l’Etat d’Israël moderne, a insisté Martina Schmidt – se souvenait de son histoire: pendant les 80 ans d’exil en Egypte, le peuple juif vivait dans des conditions proches de l’esclavage sans aucun droit de propriété… »
Et de rappeler que de retour dans le pays de Canaan, le judaïsme ancien avait prévu un mécanisme de protection contre la pauvreté du clan: « à la 50e année, la terre retourne à sa famille d’origine et les travailleurs esclaves retrouvent leur liberté. C’est la fête! »
En écho aux propos de Martina Schmidt, Jean-Claude Huot, secrétaire romand d’AdC, a rappelé que l’iniquité est toujours présente: « Les esclaves pour dette, cela existe encore… En Inde, Action de Carême soutient leur combat pour la liberté. Des personnes, souvent des sans castes ou des populations autochtones, s’endettent pour acheter à manger. Puis elles doivent rembourser en travaillant pour leur créancier. Notre coordinateur indien a pu témoigner de cette situation devant les Nations Unies à Genève. Pour ces formes contemporaines d’esclavage, un jubilé serait bien nécessaire! ».

Un « dialogue sur le droit au développement » en décembre prochain
Abordant la question du réchauffement climatique, Jean-Claude Huot a souhaité, en dénonçant un système économiqueincapable de sortir de la logique de croissance et de surexploitation des ressources naturelles, « un moratoire pour souffler et prendre un autre chemin de développement… » Parlant de voracité sans fin, il s’est demandé s’il ne fallait pas aujourd’hui encore mettre la terre en jachère pour qu’elle puisse récupérer des blessures que nous lui infligeons sans cesse par nos industries et nos déchets… « C’est aussi notre consommation qui est enquestion! ».
Le secrétaire romande d’AdC a révélé à cette occasion que les œuvres d’entraide allaient lancer en décembre prochain un « dialogue sur le droit au développement », alors qu’il y a toujours un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim dans le monde. Ce projet, né à l’initiative de PPP,vise à mettre ensemble des acteurs des continents du Sud et du Nord pour réfléchir au contenu du droit au développement, proclamé par l’ONU il y a 25 ans. Après les réflexions de la conseillère aux Etats genevoise Liliane Maury-Pasquier et de l’industriel lausannois Robin Cornelius, directeur de Switcher, la célébration festive s’est achevée par un apéritif sur l’esplanade de la cathédrale au cours duquel le « pain de la fête » préparé pour l’occasion a été partagé.

Jacques Berset, Apic.

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