L’Arménie. Un voyage œcuménique dans le premier pays chrétien

2- Actualités

Au début du 20e siècle, la fin de l’Empire Ottoman a été marquée par des massacres de populations chrétiennes : Arméniens, Syriaques, Chaldéens et Grecs. En 2015, ceux qui ont retrouvé une patrie en Arménie comme ceux, nombreux, de la diaspora, vont marquer le centenaire de ce drame humain. En tant que chrétiens occidentaux, nous nous devons de manifester notre fraternité. Nous voulons nous rendre compte sur place de la situation des Églises, leur marquer notre solidarité … d’où l’idée de ce voyage qui sera le premier pas vers une célébration œcuménique de la Parole en mai 2015, dans la cathédrale de Lausanne.

Monastère de Khor Virap avec le mont Ararat
Monastère de Khor Virap avec le mont Ararat

Programme du Voyage Voyage

aller, lundi 15 sept. : Vol Genève- Erevan, via Kiev : départ 13.40 h. Arrivée 22.55 h

Voyage retour, vendredi 26 sept. : Vol Erevan-Genève, via Kiev : Départ 06.55 h. Arrivée : 12.15h

Visites : Erevan, Argina, Mastara, Forteresse de Dachtadem, Gumri, Edjmiatsin, Monastères de Marmachen, Novarank, Tatev, Khor Virap et Geghard, Spitak, Traversée du lac Sevan, Vardenis, Chiva.

Rencontres œcuméniques. Avec des représentants des Églises orthodoxe arménienne, protestante-évangélique, catholique, la Société Biblique Arménienne, le Séminaire théologique de Sevan…

 

Le dimanche 21 septembre, nous participerons à la Liturgie dans la cathédrale orthodoxe d’Edmjiatsin
Le dimanche 21 septembre, nous participerons à la Liturgie dans la cathédrale orthodoxe d’Edmjiatsin

 

Le programme du voyage nous emmènera vers différents hauts-lieux de l’histoire de ce peuple et nous fera aussi rencontrer les responsables des différents Églises et mouvements chrétiens. Il s’agit en effet de visiter des lieux marquants de l’Arménie, mais aussi de rencontrer les « pierres vivantes ». A l’ère d’Internet, rien ne remplace les visites fraternelles, par lesquelles se transmettent des dons de l’Esprit.

 

 

 

 

Nous logerons quelques nuits dans des chambres d'hôtes
Nous logerons quelques nuits dans des chambres d’hôtes

Groupe d’organisation:
Ani Ghazaryan Drissi, Teny Pirri-Simonian (Théologiennes orthodoxes arméniennes), Jean-Jacques Meylan (pasteur, Fédération romande d’Églises évangéliques), Martin Hoegger (pasteur, Église évangélique réformée) et Danilo Gay (diacre, Église évangélique réformée)

Renseignements et inscription : Danilo Gay : danilogay@bluewin.ch Tél. 022 364 74 51

 

 

 

 


Informations

Participation : Ouverte à toute personne désireuse de rencontre. Voyage prévu pour un groupe de 16 à 20 personnes.

Conditions financières : Prix de CHF 2’100.- par personne. Ce prix est calculé au taux et selon la situation de janvier 2014 (ajustements possibles)

Un acompte de CHF 500.- est à verser au moment où le voyage sera confirmé par les organisateurs, le solde avant le 31 juillet 2014.

Ce prix comprend : vols de ligne avec Ukrainian Airlines, taxes comprises, logement en hôtel (6 nuits) et en chambre d’hôtes (4 nuits), pension complète pendant tout le voyage, entrées de tous les sites mentionnés dans le programme, déplacements en bus, guide professionnelle francophone du pays (Irène Chaboyan)

Ce prix ne comprend pas : boissons individuelles, supplément pour chambre individuelle (CHF 200.-).

Formalités : passeport obligatoire, valable encore six mois après la date de retour en Suisse. Le visa n’est plus nécessaire pour les porteurs de passeport suisse.

Assurances : chacun doit s’assurer pour son propre compte (Livret ETI ou autre)

Paiement : · Acompte de CHF 500.- dès confirmation. · Solde à payer avant le 31 juillet 2014 · CCP : 17-515641-4 ; IBAN : CH5009000000175156414

Annulation : Toute annulation doit être signifiée aux organisateurs par écrit. Les frais qui en résultent sont les suivants : Jusqu’au 30 mai 2014 = 50 Fr.-/ Jusqu’au 30 juin 2014 = 250Fr .-/ Jusqu’au 30 juillet 2014 = 500 Fr.- / Dès le 30 août 2014 = 100% du voyage

L’Assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises de Busan en sept images.

2- Actualités

Difficile de rendre compte d’une assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Églises (Busan, Corée, du 30 octobre au 8 novembre 2014). Plusieurs images s’entrechoquent en moi. Celles en particulier des moments de cultes et des partages bibliques, temps forts où l’on vit devant Dieu et dans la convivialité ce qu’on approfondira par la suite dans les séances de plénières. Cette assemblée a été priante ; elle a cherché à enraciner dans la communion en Dieu les thèmes classiques du mouvement œcuménique : unité et mission, paix et justice.

* Par Martin Hoegger

Danse par le groupe philippin Teathro Ecumenikal sous l'arbre de Vie.
Danse par le groupe philippin Teathro Ecumenikal sous l’arbre de Vie.

L’arbre de vie. « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ». Le logo de l’assemblée est un arbre d’où s’envolent des colombes. Nous sommes en Asie, le continent où vit plus de la moitié de la population mondiale, avec la plus grande croissance économique et ecclésiale. Pour ma première visite en Asie, j’ai ressenti ce foisonnement de la vie. La Corée du sud, un des pays les plus pauvres du monde il y a 50 ans, est aujourd’hui prospère. J’ai pu découvrir des Églises en pleine croissance et j’ai un peu rêvé quand j’ai participé à une étonnante soirée culturelle coréenne dans l’Église presbytérienne de Myungsung, à Séoul. Fondée il y a 30 ans avec 20 personnes, elle compte aujourd’hui 100’000 membres. Dieu veut la vie et la vie c’est grandir, s’épanouir vers la plénitude. Durant cette soirée une évocation de l’histoire de l’Église en Corée s’est terminée par l’image de pousses qui grandissent. Cette vitalité m’a dynamisé !

 

Pour sûr, cette prospérité a aussi un revers de la médaille. Les Églises coréennes commencent à découvrir que des jeunes les quittent, happés par la sécularisation et l’activisme. La vie, thème de la première plénière, est menacée par toutes sortes d’ennemis. Le directeur du programme des Nations unies contre le Sida (Onusida), le malien Michel Sidibé appelle les Églises à s’engager davantage pour lutter pour la vie et à inclure les marginaux. Plusieurs autres témoignages admirables illustrent cet engagement pour la vie et une telle assemblée leur donne une voix et un visage. Comme Wedad Abbas Tawfik, une orthodoxe copte, qui voit dans l’islamisme radical, la menace pour la vie des chrétiens en Égypte et au Moyen Orient, ainsi que Deepa Anna Choudire, médecin luthérienne qui témoigne de son combat contre l’avortement des filles en Inde où il manque 14 millions de femmes.

 

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Le tambour et le gong : la Corée. Chaque culte commençait et se terminait par un coup de gong ou un roulement de tambour. Divers groupes coréens frappaient hardiment sur ces deux instruments, à tel point qu’on ne s’entendait plus parler dans le « Madang »,  ce grand hall où se trouve une centaine de stands. Ils symbolisent la Corée, notre pays hôte. A la fin de l’Assemblée, les Églises coréennes ont été longuement applaudies pour leur générosité et leur sens de l’organisation. Leur hospitalité et leur foi vivante m’ont édifié. La visite dans les Églises a été un moment inoubliable, ainsi que la prière pour la paix et la réunification entre les deux Corée sur la ligne de démarcation.

 

Le thème de l’assemblée n’est pas nouveau, puisqu’il se situe dans la ligne du Rassemblement œcuménique pour la justice, la paix et l’intégrité de la création de Séoul en 1990, mais il est plus actuel que jamais, tant les tensions sont grandes entre les deux frères ennemis coréens. Inviter les Églises à prier pour la paix, la prise de conscience de la justice et du respect de la création fait partie de la vocation du COE. Les Églises de Corée (et plus généralement d’Asie), prises dans le tourbillon du développement (avec son cortège d’injustices), ont besoin d’entendre ce son du gong. Mais il ne convient pas à tous : chaque jour devant le Bexco, le centre des congrès de Busan, des protestataires brandissaient des panneaux hostiles au COE. La Corée est entrée dans ma prière. La déclaration sur la paix et la réunification de la péninsule coréenne, longuement discutée, appelle les Églises à prier et à s’engager pour cette terre scindée en deux.

 

Une célébration de renouvellement du baptême a eu lieu durant le culte sur le thème de la mission
Une célébration de renouvellement du baptême a eu lieu durant le culte sur le thème de la mission

L’eau vivifiante : la mission. La réflexion sur la mission a commencé par un culte et un partage biblique sur la conversion et le baptême du fonctionnaire éthiopien. L’accent est mis sur l’action de l’Esprit saint qui conduit l’apôtre Philippe à le rencontrer. La mission de l’Église, c’est d’abord participer à celle de l’Esprit saint vivifiant. Le nouveau document du COE sur la mission « Ensemble vers la vie » l’affirme. Stephen Bevans, théologien catholique des États Unis, note la proximité de ce texte avec la réflexion de Jean-Paul II.

 

 

Ce dernier écrivait que « l’Esprit saint est le principal agent de la mission ». Pour la pentecôtiste chilienne Cecilia Castillo Nanjari l’Évangile nous conduit à mener une vie en toute honnêteté. Quant à l’évêque orthodoxe syriaque Geevarghese Mor Coorilos, il voit dans la vie de la Trinité, toute faite de don réciproque, le fondement du partage avec tous. Dénonçant la convoitise comme une idolâtrie, il parle de la mission comme d’une ascèse. Avec le pape François, dont il se sent proche, il témoigne, par son engagement en faveur des Dalits, que la mission ne va pas depuis le centre vers les marges, mais elle part des périphéries pour atteindre le centre.
« Notre mission, c’est la diaconie et l’évangélisation », ai-je lu dans le livret présentant l’Église presbytérienne de Myungsung, à Séoul. Dans son rapport, Olav Tveit, le secrétaire général du COE, dit la même chose. Une « conversation œcuménique » sur le thème de l’évangélisation rappelle qu’elle nécessite avant tout la revitalisation des membres de l’Église (21 conversations en groupes restreints ont permis, en quatre rencontres, d’approfondir des questions souvent sensibles). Participant à une « conversation » sur le renouveau de l’Église, j’ai entendu un remarquable exposé de Justin Welby, le nouveau archevêque de Canterbury, sur ce thème. Oui, l’Église a besoin partout de renouveau, qui viendra par notre réponse fidèle à l’Esprit saint.

 

L'unité dans le respect de la diversité est l’œuvre de l'Esprit saint. Icône de la Pentecôte offerte par l’Église orthodoxe de Corée
L’unité dans le respect de la diversité est l’œuvre de l’Esprit saint. Icône de la Pentecôte offerte par l’Église orthodoxe de Corée

Le feu et le vent : l’unité. Une icône de la Pentecôte donnée au COE par l’Église orthodoxe de Corée et la méditation du récit des Actes des Apôtres ont introduit le thème de l’unité. Mais ce qui m’est apparu d’abord à Busan, c’est l’extraordinaire diversité de l’Église. Quoi de commun entre nous sinon la personne de Jésus-Christ ? Il faut le mettre toujours au centre pour tendre à une unité spirituelle, comme l’a dit avec force le chef de l’Eglise arménienne, Karékine II, lors de la célébration d’ouverture. En faisant cela, on découvre les dons des autres et une meilleure complémentarité. La pierre de touche étant l’humilité. L’anglicane Mary Tanner rappelle que si le premier but du mouvement œcuménique est de tendre vers l’unité visible, la route est encore longue. L’unité requiert le repentir, la justice et la paix dans l’Église.  Pour l’archevêque roumain Nifon, la grande contribution de l’orthodoxie est la spiritualité de communion et le plus grand défi reste l’ecclésiologie. Pour partager la même coupe l’unité de la foi est nécessaire.

 

 

Le secrétaire général de l’Alliance baptiste mondiale Neville Callam estime que les positions conflictuelles des Églises sur les questions morales créent la confusion et cette situation est pour lui intolérable. Les questions morales divisent davantage que la doctrine. Le  « coup de gueule » de cette assemblée est d’ailleurs venu du Métropolite orthodoxe russe Hilarion critiquant les positions de certaines communautés chrétiennes au sujet de l’homosexualité qui « se sont depuis longtemps engagées dans la voie de la révision de la doctrine morale, afin de l’adapter aux tendances actuelles ». Cette question de l’orientation sexuelle a polarisé la discussion de la Déclaration sur l’unité que les délégués devaient adopter. Fallait-il y mentionner ce thème ? L’assemblée décida que non, car cette question n’a pas encore fait l’objet d’un dialogue. Force est de constater les grandes divergences entre le nord et le sud, l’ouest et l’est sur ce thème, évoqué à plusieurs reprises. Toutefois avec la démarche sur le « discernement moral », initié il y a quelques années, le COE veut inviter les Églises à dialoguer sur les questions morales sensibles et sur le sens d’une Église inclusive. Deux conversations œcuméniques ont approfondi ces sujets.
« A 50 degré en dessous de zéro, les différences s’estompent », dit avec humour Marc MacDonald, évêque anglican en Alaska, rappelant que dans un contexte difficile on ne peut se payer le luxe de souligner les différences. A la fin de la plénière sur l’unité, deux frères de Taizé ont invité au silence, à la prière et au chant « Laudate omnes gentes ». Un moment qui a fait communion entre nous et nous a encouragés à continuer sur le chemin de l’unité visible.
Comme pour le document sur la mission, les Églises sont invitées à recevoir et à discuter la déclaration sur l’unité. Une unité que le COE veut construire avec toutes les Églises, comme en témoignent les nombreux messages d’autres organisations ecclésiales, tels que l’Alliance évangélique mondiale, le mouvement de Lausanne et le Forum chrétien mondial, lequel donne un espace à toutes les Églises non membres du COE, dont l’Église catholique romaine, pour approfondir leur communion.

 

Justice dans le partage des biens de la terre
Justice dans le partage des biens de la terre

Les fruits de la terre : la justice.  Ils doivent être partagés entre tous, alors que la cupidité détruit le lien social. Ce qui est arrivé à Naboth avec sa vigne convoitée par Achab (texte biblique approfondi en petits groupes) reste d’actualité. Il est une figure du Christ, le juste persécuté, qui a assumé toute l’injustice du monde. Martin Kohr, de la Malaisie, appelle à prier et à agir comme Jésus l’a fait, et a critiqué les bénéfices excessifs. L’allemande Julia Duchrow voit la vocation des Églises dans la protection de la dignité humaine, créée à l’image de Dieu. Cela signifie aussi qu’il faut s’attaquer aux causes structurelles de l’injustice, arracher les racines de la cupidité en vivant l’Évangile de l’humilité et de la vie, comme le dit le grec orthodoxe Loukas Andrianos. La perspective théologique de cette plénière sur la justice est apportée par l’argentin Joseph de Patara, du Patriarcat œcuménique : « le chemin de la justice véritable consiste à revenir au Christ. La justice est d’abord un problème spirituel. Ayons le Christ dans notre horizon, agissons avec lui avec courage, en laissant de côté tous nos préjugés ».

 

Une conversation œcuménique invite à faire un examen critique au sujet de la cupidité et à passer d’une économie axée sur le profit et la cupidité à une économie basée sur le bien commun.
« L’éco-justice » est le nouveau nom donné au respect de la création. Un pasteur de Tuvalu témoigne  de la montée des eaux du Pacifique menaçant de submerger son île. Un atelier explique les conséquences écologiques du mur séparant Israël de la Palestine. Selon Guillermo Korber, membre du staff du COE, l’éco-justice est un thème lié à la spiritualité ; le même Esprit qui se mouvait sur les eaux (dans la Genèse) et qui appelle l’Époux (dans l’Apocalypse) nous anime pour être solidaires avec ceux qui souffrent et avec le gémissement de la création. Il faut entendre à la fois le cri du pauvre et celui de la création.

 

Heureux ceux qui font fleurir la paix!
Heureux ceux qui font fleurir la paix!

Les fleurs : la paix. « Je vous laisse ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne » (Jean 14,27). Dans notre groupe biblique, nous avons souligné l’enracinement en Jésus-Christ de la paix, sinon elle reste une notion vague. Il s’agit en fait de la paix de la croix. « Heureux les artisans de paix » : Jésus a vécu jusqu’au bout cette béatitude. Dans la communion avec lui, nous pouvons nous aussi faire fleurir la paix. La plénière sur ce thème a donné la parole à quelques ouvriers paix. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, compte sur les Églises pour « poser les fondations de la confiance et de l’amitié sur lesquelles on peut construire la paix et la prospérité ».

 

Pour Leonardo Emberti Gialloreti, de la Communauté de S. Egidio, « la force chrétienne repose sur le fait de n’avoir aucun intérêt politique et économique, et cette force apporte la vraie paix ». Leyman Gbowee, lauréate du prix Nobel de la paix pour son action au Libéria, témoigne : « il a fallu d’abord que je guérisse de la haine avant de m’engager pour la paix. C’est l’œuvre de Dieu et ma vocation ». Le théologien coréen Chang Yoon-Jae dit son espérance pour une vraie paix sur la péninsule coréenne. L’armistice a été signé en 1953, mais aucun traité de paix ; alors à tout moment la guerre peut éclater à nouveau. Un moment émouvant a été l’interview d’une jeune iranienne, Agata Abrahamiam, appartenant à l’Église orthodoxe arménienne, par un pasteur américain. En l’écoutant dire combien son pays souffre des sanctions économiques, ce dernier, très touché, dit après un long moment de silence : « que Dieu ait pitié de nous et de notre âme…La paix est un mouvement vers la croix. Un appel à nous impliquer dans un mouvement radical ». Après avoir obscurci la salle et allumé une bougie, le modérateur de ce moment de grâce, l’archevêque anglican du Cap, Thabo Makgoba, a invité l’assemblée à chanter « This little light of mine » et à échanger un signe de paix.

 

Olav F. Tveit, secrétaire général du COE lavant les pieds à un jeune steward
Olav F. Tveit, secrétaire général du COE lavant les pieds à un jeune steward

Le lavement des pieds. Servir ensemble. Un beau geste a été vécu lors du dernier culte matinal, celui du lavement des pieds. Cette photo d’Olav Tveit, secrétaire du COE, versant de l’eau sur les pieds d’un jeune est comme une icône de cette assemblée. Une assemblée invitant les Églises à servir les autres, à prier ensemble et à s’engager pour la justice et la paix. La vie spirituelle en a été l’accent : elle a ressourcé et traversé tous les moments. Cette vie m’a fortement imprégné, comme dans peu d’autres assemblées œcuméniques. Avec le pasteur rwandais André Karamaga, je peux dire que « je suis témoin de ce miracle à chaque assemblée du COE : celui de la rencontre entre des chrétiens des quatre coins de la terre. Le centre de gravité du christianisme ne se trouve pas dans tel ou tel lieu, mais dans le Christ ».

 

 

 

 

 

 

Cette assemblée a renouvelé ma confiance que rien ne remplace la rencontre entre chrétiens de tant d’Églises avec des différences notables dans leurs ecclésiologies et leurs positionnements éthiques.

Prier ensemble, se rencontrer dans l’esprit de bienveillance du Christ ont une grande signification pour l’œcuménisme. Certainement le Dieu de la vie, n’est pas indifférent à la recherche de personnes qui ont à cœur son unité ; je suis confiant qu’en réponse à notre désir de communion, il nous guide vers plus de vérité dans la charité, vers plus de paix dans la justice.

* Martin Hoegger, pasteur, responsable de l’œcuménisme dans l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud.

Photos : P. Williams et C. Knoch


Quelques liens utiles:

Journal de l’assemblée

Site de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse sur l’assemblée.

Interview avec Michael Mutzner Secrétaire général adjoint du Réseau évangélique suisse

2- Actualités

Chrétiens Ensemble (C.E.) : Michael Mutzner, vous êtes Secrétaire général adjoint du Réseau évangélique suisse, pouvez-vous nous présenter cette organisation ?

M. Mutzner : Le Réseau évangélique suisse (RES) est une plateforme qui a pour mission de rassembler les croyants de confession évangélique : les chrétiens, les œuvres et les Églises, mais aussi les unions d’Églises. On peut d’ailleurs être membre du RES aussi bien en tant qu’individu, en tant qu’Église, en tant qu’organisation ou en tant qu’union d’Églises (voir en encadré la liste des Églises membres).
Le RES est issu de l’Alliance évangélique fondée à Londres en 1846 dans une démarche de rassemblement interconfessionnelle. C’est d’ailleurs pour décrire le travail de l’Alliance évangélique, que le mot « œcuménisme » a été inventé, par Adolphe Monod. L’Alliance évangélique a joué un rôle précurseur dans le travail visant à stimuler l’unité chrétienne. En Suisse, le premier secrétaire de l’Alliance évangélique à Genève n’était autre qu’Henry Dunant, connu surtout comme fondateur de la Croix-Rouge et premier prix Nobel de la paix.

C.E. : En tant que Secrétaire du Réseau évangélique suisse vous êtes conduit à rencontrer beaucoup organisations et membres d’Églises, qu’elle est votre expérience dans le domaine œcuménique ?

M. Mutzner : Au niveau protestant, le RES participe a deux rencontres intra-protestantes par année où sont représentées les Églises évangéliques et les Églises réformées suisses (via la FEPS). Sur le plan romand, nous rencontrons également une fois par année la Conférence des Églises Réformées de Suisse romandes. Ces temps permettent de soigner la relation, de nous connaître, d’échanger des informations.
Avec les catholiques, nous avons au moins une rencontre par année avec Mgr Charles Morerod, le Vice-Président de la Conférence des Evêques Suisses, et qui est en charge du dialogue œcuménique.
En ce qui concerne la CTEC-CH, le RES n’en est pas membre puisque seules les Églises peuvent actuellement en faire partie. L’Armée du Salut, membre du RES est aussi membre de la CTEC-CH. D’autres unions d’Églises évangéliques sont également impliquées au sein de la CTEC-CH, en particulier, les méthodistes et les baptistes.
Après, sur le terrain, le RES laisse chaque Église libre de se positionner sur la question de l’œcuménisme. Nous demandons simplement à nos membres de respecter le choix des autres membres du RES qui auraient des positions différentes sur cette question. Nous évitons aussi généralement le mot « œcuménique », souvent porteur d’une connotation un peu négative chez les évangéliques et qui ne veut pas dire la même chose pour tout le monde.

C.E. : Pouvez-vous déjà voir des résultats concrets découler de ces rencontres ?

M. Mutzner : Oui, cette année un projet commun rassemblant toutes les composantes du christianisme en Suisse a pu voir le jour : un appel conjoint à la prière la veille du Jeûne fédéral. Cet évènement s’est tenu à Berne le 14 septembre 2013. C’est la première fois depuis des années qu’un tel évènement commun a été organisé. Près de mille personnes étaient présentes et un appel à la prière signé par 136 parlementaires de tous bords a été lu.
Nous espérons qu’à l’avenir, nous pourrons aussi davantage nous exprimer d’une seule voix, lorsque nos positions se rejoignent, par exemple pour défendre la liberté religieuse dans le monde et dire notre solidarité avec l’Église persécutée.

C.E. : Pouvez-vous nous partager brièvement votre parcours de vie et ce qui vous a conduit à cet engagement ? Pouvez-vous nous partager une expérience qui vous a marqué dans le domaine de l’œcuménisme ?

M. Mutzner : J’ai grandi dans une famille chrétienne évangélique. Mon père est pasteur. J’ai vu la position de mon père évoluer au fil des années, tandis que le nombre de contacts œcuméniques grandissait. Une certaine ignorance réciproque a laissé place à des relations et des échanges fraternels, notamment avec les catholiques. Ensuite, j’ai eu l’occasion de vivre ma première expérience professionnelle dans une organisation catholique : Franciscans International. C’est une ONG qui a pour vocation de représenter les Franciscains à l’ONU et qui lutte pour le respect des droits humains des plus défavorisés. C’est une expérience qui m’a beaucoup marquée. La spiritualité franciscaine a fait évoluer mon rapport à l’argent et aux biens matériels.
En lien avec cette spiritualité j’ai pu vivre une expérience profonde lorsque j’ai participé à une retraite spirituelle d’une semaine à Assise. Durant ces années de travail avec
Franciscans International, j’ai été touché par les rencontres avec des personnes qui ont renoncé à tout pour suivre Dieu. Des personnes qui ont une forte relation et qui m’ont beaucoup marqué.

C.E. : Durant des années les Églises évangéliques sont restées en retrait par rapport à l’engagement œcuménique, aujourd’hui on perçoit un fort désir d’engagement pouvez-vous nous dire ce qui a conduit à une telle décision ?

M. Mutzner : C’est vrai. « Christianisme aujourd’hui », mensuel chrétien d’information, a consacré dans un numéro récent, tout un dossier à cette question de l’œcuménisme, parlant en particulier d’un « printemps dans les relations entre évangéliques et catholiques ». Je crois que dans le contexte d’une culture postchrétienne où les chrétiens confessants se font de moins en moins nombreux, et où le mouvement qui connaît la plus forte croissance est celui des sans-religions, nous sommes poussés à nous rapprocher les uns des autres et à réfléchir à notre témoignage commun dans la société. La sécularisation remet aussi en question le concept d’une Église multitudiniste et territoriale. Les évangéliques, pour qui la question de l’engagement personnel est très importante, constatent que par la force des choses, les Églises chrétiennes traditionnelles en Occident se développent progressivement vers des communautés de confessants.
D’une manière générale, on constate que le respect mutuel grandit, ce qui est une bonne nouvelle. Les évangéliques sont mieux reconnus par les autres composantes du christianisme, même s’il reste parfois encore des progrès possibles à faire de ce côté-là. Un bon exemple de cette dynamique : le fait que pour la première fois de l’histoire, un document conjoint rassemblant sur le plan mondial les institutions faîtières catholiques, protestantes et évangéliques a été signé. Ce document intitulé « Témoignage chrétien dans un monde multi religieux » rappelle l’importance du témoignage chrétien, dans le respect de la liberté de conscience de chacun, en prenant Jésus-Christ comme exemple suprême.

C.E : Vous êtes aussi le représentant permanent de l’Alliance évangélique mondiale (AEM) à l’ONU à Genève, quelle réflexion tirez-vous de ce mandat pour l’unité chrétienne ?

M. Mutzner : Dans le cadre de ce mandat, je me rends compte que l’Église de Jésus-Christ ressemble parfois à un géant endormi. Nous n’avons pas encore suffisamment réalisé la force de transformation et l’impact positif que nous pouvons avoir sur le monde, si nous vivions et partageons l’Évangile à tous les niveaux de la société. L’Alliance évangélique mondiale représente six cent millions de chrétiens. Nous sommes convaincus qu’il faut donner la parole à ces croyants. C’est précisément notre but avec cette présence à l’ONU puisque nous voulons donner l’occasion aux communautés de croyants du monde entier de pouvoir venir exprimer devant cette tribune internationale leurs préoccupations en lien avec les situations d’injustice qu’ils rencontrent.
Il nous arrive de collaborer avec les représentants du Saint-Siège à l’ONU ou avec le Conseil œcuménique des Églises. Ce dernier soutien par exemple actuellement notre campagne mondiale contre la corruption intitulée « Exposed ».

C.E. : Quels vous semblent être les défis actuels dans le domaine œcuménique ?

M. Mutzner : On dit parfois que l’œcuménisme est actuellement en panne. Pour moi, l’œcuménisme progressera si nous sommes en mesure de nous rapprocher autours des points essentiels que sont la reconnaissance de la Bible comme Parole de Dieu, la centralité de Christ et de son œuvre accomplie à la croix et la nécessité d’une relation personnelle à Dieu. Pour nous les évangéliques, ce sont des incontournables.
Personnellement, j’ajouterais qu’il faut se souvenir que l’unité n’est pas juste une fin en soi. Elle est une manière de rendre honneur à Dieu et à son œuvre de rédemption. Elle doit aussi servir comme un point de départ pour nous aider à accomplir notre mission de témoins du Christ dans le monde. Dans les milieux évangéliques, nous sommes très sensibles à la conversion personnelle qui doit porter des fruits dans la vie de tous les jours. Ce que je souhaite, c’est que ces fruits soient visibles dans la vie du croyant, mais aussi dans la vie de la
communauté des croyants, de l’ensemble des disciples de Jésus. Nous sommes appelés à être une communauté qui fait envie, de par l’amour que nous nous portons les uns envers les autres. Cet amour doit être visible à tous les échelons, depuis la base jusqu’aux leaders et doit déboucher sur un témoignage rendu à Jésus-Christ.
Genève, le jeudi 24 octobre 2013

Unions d’Églises membres du Réseau évangélique suisse (RES)

Armée du Salut – Division Suisse romande (AS)
Association vaudoise d’Églises évangéliques (AVEE)
Conférence Mennonite Suisse (CMS)
Églises Évangéliques Apostolique Romande (EEAR)
Fédération d’Églises et Communautés du Plein Evangile (FECPE)
Fédération romande d’Églises évangéliques (FREE)
Union des Assemblées Missionnaires (UAM)
Union des Églises Chrischona Suisse (UEEC)
Union des Églises Évangéliques de Réveil (UEER)

L’Eglise orthodoxe éthiopienne tewahedo

2- Actualités

L’Église orthodoxe éthiopienne tewahedo (qui veut dire « unie ») rattache sa fondation à Saint Philippe. Comme nous le raconte les Actes des Apôtres (Ac 8, 26-40), Philippe baptisa un eunuque, trésorier de la reine de Candace d’Éthiopie. Plusieurs voient dans ce baptême le début de l’Église éthiopienne.

ethipienne2Mais l’Église orthodoxe éthiopienne s’inscrit dans la tradition orthodoxe du patriarcat d’Alexandrie d’où elle reçue l’évangélisation au IVe siècle déjà. C’est à cette époque qu’un chrétien d’origine syrienne Frumence introduit le christianisme dans la cour royale. C’est alors que le royaume d’Axoum devint chrétien. Frumence est alors ordonnée par le Patriarche copte d’Alexandrie, Saint Athanase, et devient le premier évêque de l’Église éthiopienne sous le nom d’Abba Salama (« Père de la Paix).

Au Ve siècle l’œuvre inaugurée par Frumence, appelé « l’Illuminateur » de l’Éthiopie, est complétée par des moines d’origine syrienne que la tradition appelle les « Neuf Saints ». Ils fondent des monastères et traduisent la Bible en Ge’ez, langue liturgique de l’Église éthiopienne.

Au VIe siècle se développe une tradition musicale propre principalement avec Saint Yared. C’est à cette époque, que naît la querelle monophysite. A la suite du Concile de Chalcédoine les syriens, les coptes et les éthiopiens sont accusés d’hérésie. Les Églises non-chalcédoniennes confessent avec Saint Cyrille d’Alexandrie « l’unité de nature du Verbe incarné », c’est-à-dire, la parfaite union de la nature humaine et la nature divine dans le Christ.

L’Église orthodoxe éthiopienne s’est ensuite développée de manière assez libre et autonome sans trop d’oppressions de la part de l’Islam. Du XIIIe jusqu’en 1975, elle a été une Église d’état. Depuis 1948, elle est autocéphale avec le siège patriarcal à Addis Abeba.
Elle est en communion avec les Églises orthodoxes orientales qui reconnaissent les trois premiers conciles œcuméniques avec les Églises de tradition syriaque, arménienne et copte. Aujourd’hui elle utilise aussi la langue amharique dans la liturgie. Elle possède son propre calendrier liturgique et son propre canon biblique incluant le livre d’Hénoch et le livre des Jubilés.

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Le développement autonome de l’Église orthodoxe éthiopienne durant des siècles avec peu d’influences d’autres Églises lui a permit de développer une spiritualité et des usages liturgiques propres en partie inspirés de l’Ancien Testament. Elle vénère nombre de saints éthiopiens dont Saint Lalibela, -fondateur des églises monolithes de la ville de Roha- et utilise des instruments africains tels que le tambour et le sistre, ainsi que les danses sacrées pour célébrer la divine liturgie. Axoum est la ville sainte de référence puisque gardienne de l’Arche de l’Alliance, mais les sanctuaires de Lalibela et du Lac Tana sont aussi d’importants lieux de pèlerinage.

Journée « Taizé » à la cathédrale de Lausanne

2- Actualités

Dimanche 3 novembre 2013. La cathédrale de Lausanne accueille la Journée « Taizé ». Au programme, le culte du matin animé avec les chants de Taizé, une prière à midi et dans l’après-midi après le partage du pique-nique tiré du sac, huit ateliers pour les jeunes et les moins jeunes. Enfin, une célébration œcuménique de la Parole dans le style de Taizé a mis le point d’orgue final à cette belle journée.

taize2013_7Depuis la grande rencontre de Taizé à Genève, chaque année le premier dimanche de novembre la cathédrale de Lausanne accueille une célébration œcuménique avec les chants de Taizé. Cette célébration permet aux différents groupes de prière de Taizé du canton de se retrouver pour un grand rassemblement cantonal.

Les ateliers prévus dans l’après-midi par le groupe d’organisation offrent la possibilité de faire des découvertes et des partages intéressants.

La visite de la cathédrale avec le pasteur André Joly

taize2013_6Il s’agit de découvrir non seulement l’architecture d’un bâtiment exceptionnel, mais aussi de comprendre les aspects spirituels et religieux qui ont guidé sa réalisation.

 

 

 

 


Introduction biblique avec Marcel Durrer et Sophie Wahli-Roccaud

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Qu’est-ce que la méthode appelée Bibliologue ? Voilà un terme nouveau pour désigner une nouvelle manière d’approcher les textes bibliques.

 

 

 

 


Les membres de la communauté des Missionnaires de la Charité ou sœurs de Mère

taize2013_5Theresa de Calcutta, présente à Lausanne depuis quelques années déjà et facilement reconnaissables à leur costume, les sœurs ont partagé la particularité de leur charisme d’accueil des personnes en difficulté.

 

 

 

 


Devenir frère

taize2013_2Matthias Wirz membre de la communauté de Bose dans le nord de l’Italie a présenté sa communauté assez originelle par bien des aspects puisqu’il s’agit d’une communauté monastique, œcuménique, composée d’hommes et de femmes qui cherchent Dieu dans la prière, le célibat et la communion fraternelle.

 

 

 

 


Science et foi, vraiment antagoniste ?

taize2013_4Monsieur Jacques Neirynck a partagé sa vision du rapport entre l’approche scientifique et la démarche de foi avec leur manière spécifique à chacune d’approcher les questions fondamentales de l’être humain.

 

 

 

 

Chtaize2013_3ristian Steinwandter a animé un atelier sur le thème Partir en pèlerinage, pourquoi pas moi ? Enfin, Corinne Richard et Matteo Calloni ont partagé leur expérience en tant que aumôniers membre de l’ASPUR (Assistance psycho-sociale et spirituelle d’urgence) sur la question Intervenir en tant qu’aumônier d’urgence.

Autant de propositions intéressantes pour permettre à chacun de découvrir quelque chose de nouveau.

Paulino Gonzalez