fadidaou
Teny Pirri-Simonian (Eglise orthodoxe arménienne) et le P. Fadi Daou

Le P. Fadi Daou sera un des orateurs lors de la journée de réflexion sur « les Églises dans le Printemps arabe », organisée par la Communauté des Églises chrétiennes dans le canton de Vaud, le 4 mars prochain, à Lausanne.

Dans le cadre du voyage au Liban organisé par la CECCV, en octobre dernier, nous l’avons rencontré à la Fondation Adyan (« religions » en arabe). Cette fondation nous a impressionnés par son dynamisme, sa capacité de remise en question des mentalités, la profondeur et l’honnêteté de questionnement et de l’échange interreligieux, les réalisations de programmes exigeants et les risques pris par la fondation. Sans naïveté, une grande espérance traverse les personnes engagées dans Adyan.

Qu’est-ce la fondation Adyan ?
La fondation Adyan est née dans la mouvance de la rencontre religieuse d’Assise pour la paix qui s’est tenue grâce à l’initiative de sa Sainteté le Pape Jean Paul II en Italie le 27 Octobre 1986. Depuis sa fondation en 2007, Adyan organise des activités dans le but d’affirmer la solidarité spirituelle entre tous les libanais et cela en identifiant les valeurs et les espaces spirituels communs sans méconnaître les différences et la richesse de la diversité. Adyan croit en effet que la solidarité nationale autour des valeurs morales et spirituelles communes constitue un renfort important pour la consolidation et l’enracinement de la paix civile dans notre société ainsi que la promotion d’un vivre-ensemble effectif.

Quels sont les défis auxquels cette fondation est confrontée ?
Adyan ne se contente pas d’instaurer un dialogue qui juxtaposerait les positions religieuses, ce qui risquerait de figer les identités déjà fortes au Liban, ni de se limiter aux rencontres entre responsables religieux dans de beaux hôtels avec de belles photos. Elle crée des activités concrètes qui concernant toutes et tous. Le défi est de reconstruire les relations après les blessures profondes de la guerre de 1975-90, de « faire des choses ensemble » ; cela passe par un questionnement mutuel exigeant afin d’aller aux vrais problèmes : politique et religions, religions et intégration ; quelle est la théologie chrétienne de l’Islam ? et réciproquement, quelle est la théologie musulmane du christianisme ? Pour vivre une communion spirituelle entre croyants de différentes religions, il s’agit de se dire ce que chacun pense de l’autre, de traduire les questions théologiques en termes de vie quotidienne.

Quelles sont vos activités concrètes ?
Adyan agit suivant quatre secteurs : Le département de l’éducation et de la coexistence. L’éducation des enfants au « vivre ensemble » dans les écoles et les familles est primordiale. Actuellement, Adyan a un programme pilote dans 22 écoles avec formation des enseignants, qui sera ensuite appliqué dans toutes les écoles l’an prochain. Le département de production média: Adyan produit et diffuse des films de témoignages de réconciliation et de conférences-débats invitant à la coexistence. Un DVD, dont le titre est : A contre courant est actuellement diffusé dans toutes les écoles.
Le département de la solidarité et de la réconciliation : Chaque année une journée de solidarité spirituelle est organisée, chaque fois dans une ville différente du pays. Le but est de se mettre d’accord sur un texte commun. Une subvention est aussi attribuée à un projet de réconciliation entre chrétiens et musulmans. Le département des études « cross-culturelles » : Il offre des cours, voyages culturels, publications, conférences, séminaires de formation, activités artistiques, etc en de multiples lieux du pays.

Quelle est votre perception du «  printemps arabe » ?
Je reste confiant. Même si dans un premier temps les partis islamistes gagnent, d’une part la population sait désormais qu’elle peut résister aux déviances et d’autre part les parlements comportent une opposition constituée de mouvements modérés et laïques qui ne peut plus être annulée. Le printemps arabe peut être une chance pour la diversité.

Propos recueillis par Roland Benz

Fadi Daou est prêtre de l’Église maronite (catholique), directeur des relations œcuméniques et interreligieuses au Patriarcat maronite, président de la fondation Adyan pour les études interreligieuses et la solidarité spirituelle (Beyrouth, Liban). Il est aussi professeur universitaire de sciences de religions, de théologie fondamentale, de théologie interreligieuse et de géopolitique des religions.

 

http://www.adyanvillage.net

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