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Dagmar Heller

Dagmar Heller, professeur à l’Institut œcuménique de Bossey et membre du secrétariat de Foi et Constitution, vient de publier un livre à le baptême : « Baptisés en Christ, un guide pour la discussion œcuménique sur le baptême »[1]. Elle animera la journée de réflexion consacrée à ce thème, le 20 avril 2012, à Bossey. Nous lui avons posé quelques questions sur ce vaste sujet.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous intéresser au baptême ?

Le baptême m’a toujours intéressée. Quand j’étais jeune, j’ai réalisé que dans le baptême ma foi devient sérieuse et exige une expression dans la vie. Sur le plan œcuménique, mon engagement dans Foi et Constitution m’a fait découvrir qu’il est plus facile d’arriver à un accord sur le sacrement du baptême que sur l’eucharistie ou les ministères. Après la publication du document« Baptême, eucharistie, ministère » (BEM), nous avons commencé en 1995 à approfondir à nouveau la question du baptême.

Et comment vous y êtes-vous pris ?

Nous ne sommes pas partis de questions théologiques, mais nous nous sommes demandés quels sont les éléments communs dans tout baptême chrétien. Nous en avons trouvé trois : le rite de l’eau, la nécessité de la catéchèse, l’exigence de vivre la foi chrétienne. Ces trois éléments vont toujours ensemble. Déjà le BEM disait que le baptême est un processus qui dure toute la vie. Nous avons développé cette idée durant plusieurs consultations. On a essayé de trouver une solution à l’antagonisme entre les Églises qui baptisent les enfants et celles qui ne les baptisent pas (la tradition baptiste). Si ces trois éléments sont interconnectés, on pourrait dire qu’il n’est pas absolument nécessaire de savoir à quel âge le baptême doit être célébré.

Qu’est ce que vous avez voulu dire dans votre livre ?

Il est le résultat de mon enseignement à L’Institut œcuménique de Bossey. J’ai réalisé que nous avons des étudiants du monde entier et de toutes les traditions chrétiennes. Je désire qu’ils comprennent les questions œcuméniques. Avec le baptême, il faut d’abord expliquer quels sont les problèmes. Certains étudiants n’ont jamais rencontré des orthodoxes ou des pentecôtistes. Je dois leur donner une connaissance sur les différentes positions confessionnelles, avant de leur proposer des solutions œcuméniques.

Ce livre n’est pas seulement un survol sur les positions confessionnelles, mais il traite aussi de l’histoire et des discussions bilatérales et multilatérales. J’ai aussi essayé de systématiser  les problèmes.

Comme protestante, quel est pour vous le cœur du baptême ?

Pour moi, c’est un don de Dieu, un don qu’il me donne personnellement : son salut. Plusieurs images expriment cela : devenir membres du corps du Christ, enfants d’une même famille, frères et sœurs d’un même Père. Il y a la relation verticale avec Dieu et la relation horizontale les uns avec les autre. Le baptême établit cette relation mais l’initiative vient de Dieu, que cela soit pour un enfant ou pour un adulte. Cette conviction est aussi partagée par l’Église catholique.

J’insiste donc sur l’initiative de Dieu, mais bien sûr il y a la dimension aussi la réponse humaine. Un cadeau n’a de sens que si je l’ouvre.

Qu’avez-vous appris de la tradition baptiste ?

J’ai vu plus clairement ces deux dimensions du don divin et de la nécessité de la réponse.  Elles sont inséparables. La différence entre les protestants luthéro-réformés et les baptistes tient dans le fait qu’un accent différent est mis sur l’une de ces deux dimensions. Les protestants insistent sur l’initiative divine. Les baptistes sur la réponse humaine. Mais personne ne nie l’importance  des deux dimensions.

Et des orthodoxes ?

Ce que j’ai appris d’eux est surtout le lien entre le baptême et l’Église. Si je comprends le baptême comme réponse humaine, l’accent mis est sur ma décision. Chez les baptistes, le baptême est compris comme une confession de foi personnelle. Chez les Églises qui baptisent les enfants, on dit certes que la foi est nécessaire, mais il y aussi la communauté qui confesse la foi. L’enfant entre dans une foi qui est déjà là : celle de la communauté. La foi n’est pas seulement personnelle mais aussi communautaire. Cette idée est exprimée le plus fortement chez les orthodoxes.

Quelle est votre espérance œcuménique ?

Que les Églises qui baptisent les enfants et celles qui refusent de les baptiser se comprennent mieux. A la fin de mon livre, j’ai ajouté une réflexion à partir du texte d’Ephésiens. On y trouve ce fameux passage : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême… » (4,1-6). Si on prend tout le passage, Paul appelle à une vie digne de la vocation que nous avons reçue dans notre baptême : vivre dans l’humilité, la douceur, la patience. Il y a des éléments très intéressants. Il parle de l’unité d’esprit, non dans les structures ni dans la liturgie. Cette unité est qualifiée par le mot « paix ». L’unité d’esprit a à voir avec la paix, qui est un fruit de l’humilité, de la douceur et de la patience. Des attitudes que Jésus lui-même a vécues.

Propos recueillis par Martin Hoegger

 

[1] En anglais : Baptised into Christ, a guide to the ecumenical discussion on Baptism. Genève, WCC, 2012.  

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