choeur_de_la_cathdrale« Il est venu les temps des cathédrales ». Leur élan vertical, leur luminosité, leur beauté suscitent l’émerveillement. En y entrant nous sommes comme aspirés vers le haut, vers le Dieu Un, source de toute Unité. Une cathédrale est aussi une Bible de pierre et de vitraux. Marc Chagall écrivait : « Pendant des siècles les peintres ont trempé leur pinceau dans cet alphabet coloré qu’était la Bible ». Et récemment, en parlant du sens des cathédrales, le pape Benoît 16 a dit : « Quand la foi, de manière particulière célébrée dans la liturgie, rencontre l’art, il se crée une unité profonde ». Une cathédrale a donc une vocation à l’Unité et celle de Lausanne en particulier !

Depuis quelques années, au soir du premier dimanche de chaque mois, la Communauté des Églises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV) y organise une « Célébration de la Parole ». Il y a trois types de célébrations : d’abord des grandes célébrations œcuméniques, dont les liturgies sont le fruit d’une préparation commune entre les différentes Églises, une subtile alchimie dans le respect des diverses traditions et sensibilités. Elles ont lieu à l’occasion d’événements importants, comme le 75e anniversaire de Foi et Constitution ou l’étape suisse du Rassemblement œcuménique européen, en mars 2007.

Deuxièmement, des célébrations animées par des communautés ou mouvements à vocation œcuménique, telles la Communauté catholique et protestante des sourds et malentendants, la Mission évangélique braille, l’Association des Foyers interconfessionnels, la communauté de Taizé, les Focolari, la Communauté de Sant’ Egidio, etc… Enfin des célébrations animées par une des vingt Églises membres de la CECCV, où les membres des autres Églises sont invités. En plus de ces célébrations mensuelles, chaque Église peut utiliser la cathédrale pour des occasions importantes. C’est ainsi que l’Église orthodoxe y a célébré la divine liturgie et qu’une messe catholique y est vécue chaque année.

Un laboratoire de l’œcuménisme.

Au début de chaque célébration de la Parole, nous rappelons l’esprit dans lequel nous voulons la vivre. Nous avons découvert l’importance de la place de la Parole de Dieu dans chaque tradition, elle est un lieu de communion quand elle est reçue avec foi et respect, autant que l’eucharistie. Il n’y a pas d’unité sans diversité ; par ces célébrations, on désire encourager les chrétiens de toutes les confessions à adopter l’attitude et l’habitude d’apprendre à mieux connaître les manières de célébrer des uns et des autres, à les goûter dans l’amitié partagée, à nous réjouir ensemble. Nous vivons ainsi un laboratoire de l’œcuménisme et découvrons un Peuple de Dieu « Arc-en-ciel ». Une modeste réponse à la prière de Jésus « Que tous soient un » !

En invitant également des Églises et communautés issues de la migration, c’est aussi une contribution à une inculturation pluraliste à laquelle notre pays est invité, une manière de combattre la peur qui s’installe entre ceux qui sont différents et ne se connaissent pas puisqu’ils ne se fréquentent jamais. Nous sommes particulièrement reconnaissants que la prière pour l’unité, qui a fait naître notre Communauté, accompagne notre chemin œcuménique. C’est une grande grâce de pouvoir se tourner ensemble, chaque mois, dans la prière vers le Christ, le lien de notre unité.

Martin Hoegger, pasteur, responsable de l’œcuménisme dans l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud.

Une cathédrale « symphonique »

« De plus en plus de fidèles reconnaissent que leur Église n’est pas un orchestre ayant à sa disposition l’ensemble des musiciens, mais qu’elle a besoin des autres pour interpréter la symphonie de Dieu. Un théologien catholique a pu dire qu’il n’y a que deux attitudes fondamentales dans la vie: la schismatique et la symphonique. Selon l’attitude schismatique, il est affirmé: « J’ai raison, l’autre a tort ». Selon l’attitude symphonique: « L’autre a ses raisons et j’ai aussi mes torts. »A Lausanne, un début de symphonie a retenti dans sa cathédrale. Et l’on peut se réjouir. Mais face aux défis du XXIe siècle, tous les partenaires sociaux – Églises, religions, familles, associations, écoles, partis politiques, États, entreprises, médias…- sont appelés à abandonner en eux et entre eux, ce qui est encore schismatique pour devenir de plus en plus symphoniques. Le XXIe siècle sera symphonique ou ne sera pas! »

(Shafique Keshavjee, théologien protestant vaudois)

 

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