Le vrai œcuménisme : d’abord des relations!

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Martin Hoegger, président puis secrétaire de la CECCV entre 2004 et 2015, a écrit cette lettre à l’Assemblée de la CECCV, réunie le 24 novembre dernier dans la maison de l’Arzillier. Il revient sur les points forts de son activité ces dix dernières années et souligne l’importance du témoignage commun des Eglises.

Chers amies et amis réunis pour l’Assemblée de la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud,

Ne pouvant venir ce soir, j’aimerais vous faire part de quelques réflexions au sujet de la démarche œcuménique que nous avons vécue à la CECCV.

Tout d’abord je rends grâce à Dieu qui a suscité cette communauté où j’ai rencontré beaucoup de personnes qui sont devenues des frères et des sœurs bien aimés. Ensemble nous avons pu vivre de belles réalisations qui sont autant de réponses à la prière de Jésus pour l’unité. Je pense aux célébrations de la Parole, aux colloques et aux réflexions de théologie œcuménique, aux pèlerinages œcuméniques, sans oublier la Nuit des Eglises et à tant d’autres moments forts. Mais c’est surtout pour cette amitié spirituelle, née entre nous, que je remercie Dieu. Une amitié que j’ai ressentie concrètement pendant ces derniers mois qui ont été plus difficiles. Merci pour tous les signes que vous m’avez donné !

« Père, que tous soient un, comme toi et moi nous sommes un ! Qu’ils soient un en nous afin que le monde croie ! » Durant ces 12 ans au service de la CECCV, soit comme président, soit comme secrétaire, j’ai mis cette prière de Jésus au cœur de mon engagement. Y revenir constamment me semble essentiel sous peine de tomber dans un œcuménisme formel, un œcuménisme de slogans qui n’enthousiasme personne. Non, le vrai œcuménisme est d’abord fait de relations, à l’image de celles qui sont vécues entre le Père et le Fils. Ce sont des relations d’amour réciproque, et Jésus nous a donné l’exemple suprême en aimant jusqu’à l’extrême alors qu’il était cloué sur une croix pour réconcilier le monde avec Dieu.

C’est ce regard sur Jésus crucifié qui m’a toujours porté et qui continue à me soutenir dans les oppositions, les lenteurs, les replis rencontrés inévitablement sur le chemin de l’unité. Ce chemin est bordé de couronnes d’épines. Sans ce ressourcement dans l’amour du Christ en croix, je ne pourrais aller de l’avant. En lui qui a assumé toutes nos divisions, je trouve chaque jour la grâce et la force du pardon dont j’ai besoin pour recommencer ce pèlerinage. Un pèlerinage qui commence dans mon cœur.

Quel a été le moment le plus fort durant toutes ces années ? Plusieurs souvenirs me sont venus à l’esprit. Difficile d’en faire un classement ! Toutefois à force d’y réfléchir, je me suis rappelé la première grande célébration œcuménique dans la cathédrale de Lausanne, le 23 janvier 2000. J’y ai vécu une plénitude de joie. Ce qui m’avait particulièrement touché était la joie qui se lisait sur les visages de tous ceux qui sortaient et saluaient les officiants, dont je faisais partie. Ils nous disaient :

« allez-y, continuez ! Nous avons besoin de vous voir ensemble » !

Il me semblait que Jésus était vraiment parmi nous et que c’est lui qui nous encourageait à aller de l’avant. Par la suite, j’ai souvent eu le sentiment que c’était Lui qui nous tirait vers l’avant. Qu’il fallait lui donner un espace par notre écoute et notre dialogue pour suivre ses impulsions. Oui, c’est une grande grâce que notre communauté se soit créée suite à un mouvement de l’Esprit saint dû à la prière. Une grâce aussi que cette prière ait continué jusqu’à ce jour. Oui, la prière est vraiment l’âme de l’œcuménisme et nous en ferons encore l’expérience très prochainement. Le dimanche 6 décembre, nous aurons à nouveau une grande célébration œcuménique dans la cathédrale qui rassemblera une cinquantaine d’œuvres et organisations ecclésiales. Ce sera la 100e célébration de la Parole et j’espère vous y rencontrer, comme j’espère rester en lien avec la CECCV dans l’avenir.

Par ces célébrations et les autres activités de la CECCV, j’ai mieux compris que l’Esprit saint souffle dans toutes les Eglises, communautés et mouvements ecclésiaux. Chaque Eglise peut devenir un don pour les autres, s’enrichir des autres, mais aussi se laisser corriger par les autres. Aucune ne doit disparaître ou avoir peur des autres, ni se profiler contre les autres. Toutes sont engagées dans un pèlerinage pour témoigner de la justice et de la paix du Christ dans un monde rempli de tensions, de contradictions et de violences. Notre manière de nous relier les uns aux autres, pour chercher l’unité selon Dieu dans une diversité réconciliée est véritablement un témoignage pour la société toute entière.

Lorsque nous sommes ensemble nous discernons mieux ce que l’Esprit saint dit aujourd’hui à l’Eglise dans notre monde si troublé. Ensemble, nous surmontons mieux la peur qui peut nous paralyser face à la violence, car le Ressuscité au milieu de nous nous remplit de sa confiance. Ensemble, nous recevons une lumière pour comprendre comment nous relier aux autres communautés religieuses, aux structures étatiques, à la culture sécularisée et aux besoins de la société civile.

Je conclus cette lettre en lançant un appel ! Durant toutes ces années j’ai connu la grâce de la Lectio divina. Remettons-nous toujours à nouveau à l’Ecole de la Parole de Dieu ! Lisons-la, méditons-la, prions-la ensemble en demandant à Dieu, comme Salomon, « un cœur qui écoute » ! (1 Rois 3,9). C’est la Parole qui a créé l’Eglise, c’est elle qui la renouvelle, c’est elle qui l’embellit, c’est elle qui lui donne son unité, dans la vérité et la charité, sources de vraie liberté. Qu’elle habite parmi nous dans toute sa richesse (Col. 3,16) !

Avec mes meilleurs messages,

Dans l’amour du Christ, Martin Hoegger.

Site internet de Martin Hoegger

Dans la revue « Unité des Chrétiens » Martin Hoegger témoigne sur son parcours au service de l’unité.