L’Évangile lu en une dizaine de langues, une cathédrale remplie de jeunes mais aussi de personnes de tous âges, des chants très doux répétés une vingtaine de fois, dix minutes de silence, une icône qui attire le regard, une écoute attentive de la Parole, la joie sur les visages à la fin de la célébration…Vous avez deviné ?
La spiritualité de Taizé attire. Pour la cinquième année consécutive, une prière a été proposée en novembre dans la cathédrale. Une occasion pour les participants aux prières de Taizé dans plus de 25 endroits dans le canton de Vaud de se rassembler et de remplir ce sanctuaire. Cette année les frères ne sont pas venus, mais un message de Frère Francis a été lu à la fin de la célébration.
Celui-ci a proposé une méditation sur les Béatitudes, en particulier la première sur la pauvreté, qui est à la fois matérielle et une attitude intérieure d’écoute. « Celui qui écoute est toujours dans la position de « pauvreté », car il attend de l’autre qu’il se révèle. Si nous regardons attentivement autour de nous, combien de fois n’écoutons-nous pas vraiment ? Les réponses préfabriquées ou les vérités véhiculées depuis toujours font que nous restons enfermés en nous-mêmes, ou pire, elle nous créent des situations de conflit », a-t-il dit.
L’importance de l’écoute
Frère Francis a relaté comment frère Alois, la prieur de la communauté, a pu faire récemment une expérience qui nous donne l’espoir d’un avenir de paix. En recevant l’invitation à participer à la rencontre d’Assise, où le pape Benoît XVI avait invité des représentants des différentes religions à se réunir ensemble, il a pu constater une fois de plus combien il était important de s’écouter mutuellement.
« La rencontre d’Assise a permis de se rencontrer et de s’écouter. Dans la mesure où nous pouvons nous découvrir aussi comme « tout-petit », la paix de Dieu peut rayonner dans ce monde. Le royaume des cieux est déjà présent parmi nous… Les rencontres comme celle que vous venez de vivre cet après-midi ou celle d’Assise, ou encore la rencontre qui aura à la fin de cette année à Berlin, nous aident à nous découvrir plus « grands » que nous sommes, en restant « tout-petit ». C’est cela la sagesse du royaume ! ».
Une après-midi de partage
La célébration concluait un parcours qui a commencé par la prière de midi, suivie par plusieurs ateliers. Un atelier sur la vie consacrée (avec l’abbé du monastère d’Hauterive et une sœur de la communauté protestante de Grandchamp), un autre sur le thème « Regards croisés chrétiens-musulmans sur les printemps arabes », un troisième atelier biblique avec le professeur Daniel Marguerat, une visite des richesses de la cathédrale et enfin un atelier de gospels qui a rencontré un grand succès.
Christian, un jeune, s’exclame : « C’était super. Vraiment une belle après-midi pour se ressourcer, approfondir la Parole, rencontrer d’autres chrétiens. Les thèmes des carrefours étaient tous très intéressants. Continuez ainsi ! »
Réveiller l’Eglise
Le pasteur Timothée Reymond, un des organisateurs, remarque : « Cette célébration répond à une attente d’un grand nombre de personnes. Mais comment tient-on compte de cette attente dans nos manières de célébrer » ? De son côté, Jean-Pierre Cap animateur liturgique dans l’Église catholique et directeur du chœur et du petit orchestre de ce soir, s’enthousiasme : « Cette prière, surtout le moment de silence, a été un moment de grâce. La cathédrale est belle lorsqu’elle est animée par la foi. » A la sortie, les participants étaient invités à écrire leurs impressions sur un papier. Je retiens celle-ci : « L’esprit de Taizé n’est-il pas le liant, le ciment spirituel qui doit réveiller les chrétiens en perte de repères et faire retrouver la nécessité de la foi que le Christ est venu nous donner ».
Rendez-vous est pris pour le premier dimanche de novembre 2012 pour une nouvelle étape à la cathédrale, mais d’ici là, vous pouvez vous joindre à une prière dans l’esprit de Taizé, chaque mois dans beaucoup de paroisses.
Martin Hoegger