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Dagmar Heller

A l’occasion d’une journée de réflexion organisée par la Communauté des Églises Chrétiennes dans le canton de Vaud à l’Institut œcuménique de Bossey (20 avril 2013), Dagmar Heller a fait le point sur la question d’une reconnaissance mutuelle du baptême entre les Églises chrétiennes. La reconnaissance du baptême est également à l’ordre du jour de la Communauté de Travail des Églises Chrétiennes en Suisse. Voici l’état de la question.

« Car nous avons été tous baptisés dans un seul esprit et dans un seul corps. Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons été abreuvés d’un seul Esprit » (1Cor. 12,13). Le baptême est bien ce qui constitue le lien d’unité entre les chrétiens pourtant les enjeux et la compréhension qu’en font les Églises représentent un défi pour l’unité.

Quels sont les enjeux ?

L’enjeu se situe dans la compréhension du baptême et de son lien avec la foi. De manière schématique, il existe deux manières de le comprendre. Les Églises de la mouvance baptiste (Églises baptistes, mennonites, évangéliques, etc…) font remarquer que dans le Nouveau Testament, il n’est jamais fait mention du baptême des enfants. Le baptême chez ces Églises est fortement lié à une profession de foi personnelle.

Pour les Églises qui pratiquent le baptême des enfants, l’accent est mis sur une profession de foi communautaire. Elles font encore remarquer que dans le livre des Actes des apôtres on voit que quelqu’un est baptisé « avec toute sa maison » (Ac 16, 15). On peut supposer qu’il y avait donc aussi des enfants.

Au fond, il s’agit de savoir si on veut mettre l’accent sur une profession de foi personnelle ou sur la dimension communautaire de la foi. Cependant les deux aspects sont importants, mais l’accent est souvent mis sur l’un ou l’autre.
Les Églises orthodoxes quand à elles ont une position particulière: chez elles, la célébration du baptême est fortement liée à l’appartenance ecclésiale.

Comment surmonter ces obstacles ? 

Devant ces difficultés, le Conseil œcuménique des Églises, à travers la commission Foi et Constitution, a publié un important document, le BEM (Baptême, Eucharistie, Ministère) dans lequel est exprimé ce que les Églises chrétiennes peuvent dire ensemble sur ces questions. En ce qui concerne le baptême, trois éléments semblent décisifs : la célébration non répétable du baptême avec de l’eau et au nom de la Trinité, la formation à la foi chrétienne, et le lien avec la vie communautaire: le baptême doit être vécu dans l’Église. Ces trois éléments peuvent s’organiser entre eux de manière différente selon les traditions ecclésiales mais doivent toujours être présents, car ils sont essentiels.

Pour les Eglises qui mettent l’accent sur la profession de foi personnelle et la vie chrétienne, la célébration du baptême est l’aboutissement d’un cheminement. Pour les autres Eglises, le baptême peut signifier le point de départ d’un chemin de foi et de formation chrétienne dans la communauté. Les accents diffèrent, mais finalement l’important est que tous les éléments soient présents.

Ces réflexions ont conduit différentes Églises à signer des accords de reconnaissance réciproque du baptême. En Suisse, ce fut le cas en 1973 entre la Fédération des Églises protestantes, l’Église catholique romaine et l’Église catholique-chrétienne. Actuellement un élargissement d’un tel accord à d’autres Églises est en consultation. Un accord semblable a été signé récemment en Allemagne ; l’Église orthodoxe y a participé. En Angleterre, les certificats de baptême mentionnent les Églises qui reconnaissent mutuellement le baptême.

Les principes communs pour la reconnaissance du baptême sont ainsi précisés. Le baptême est davantage compris dans son contexte ecclésial. Il est appelé à se développer et à porter du fruit dans toute la vie chrétienne; il n’est pas seulement un geste ponctuel. Il reste cependant à gérer les situations particulières liées à des contextes et des personnes qui nécessitent une approche plus pastorale. En effet, la question de la reconnaissance réciproque du baptême devient une question concrète au moment où une personne souhaite devenir membre d’une autre Église chrétienne. C’est surtout dans ces circonstances que la question de la reconnaissance du baptême se pose.
Le baptême un lien d’unité à développer

Le baptême est le lien fondamental d’unité entre les chrétiens, car il est une incorporation dans le corps du Christ. Les Églises chrétiennes peuvent avoir des pratiques différentes concernant la pratique de ce sacrement, en particulier, pour ce qui est du baptême des enfants. Ces différentes pratiques ne sont toutefois pas incompatibles avec une reconnaissance mutuelle du baptême.

La reconnaissance réciproque du baptême entre les Églises est le fruit d’un dialogue et d’un travail œcuménique réalisé depuis plusieurs décennies. Cette reconnaissance fait du baptême un lien d’unité entre les Églises et ouvre des portes à des perspectives nouvelles pour les communautés chrétiennes, comme les préparations communes du baptême ou des célébrations de renouvellement des engagements du baptême.

Paulino Gonzalez

livrebapteme“Baptisés en Christ.
Un guide pour le dialogue œcuménique  sur le baptême »

Dagmar Heller, membre de l’Église protestante d’Allemagne, est professeur à l’Institut œcuménique de Bossey et membre de la commission Foi et Constitution du COE. Dans son livre, publié pour le moment en anglais, elle aborde la question du baptême comme signe d’unité des chrétiens. Elle présente les différentes approches de la compréhension du baptême dans les Églises chrétiennes. Selon elle, ces différentes approches ne constituent pas un obstacle à la reconnaissance mutuelle du baptême, car les bases communes sont plus importantes que les accents particuliers soulignés par les Eglises.

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