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Noël orthodoxe à l’église copte de Meyrin sous surveillance policière. Ici rassemblement de soutien aux victimes des attentats d’Égypte. (Photo P. Albouy)

La Communauté des Églises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV) envoie un message de solidarité à l’Église orthodoxe copte, suite à l’attentat commis contre une Église à Alexandrie (Égypte), où 21 personnes ont perdu la vie et où une centaine ont été blessées.

Dans cette lettre adressée au Pape Shenouda III, patriarche de l’Église orthodoxe copte, le pasteur Jean-Jacques Meylan, président de la CECCV condamne vigoureusement ce terrible attentat. « Un acte de haine et de division, qu’aucune religion ne peut justifier ». Ce dernier avait déjà assuré la prière et le soutien des Églises membres de la CECCV, suite aux massacres perpétrés dans l’Église de Nag Hamadi, lors des fêtes de Noël, le 7 janvier de l’année dernière.

« L’Église copte orthodoxe locale, membre fondatrice de la CECCV ainsi que les 19 autres Églises s’unissent dans la prière et la solidarité. « Quand un membre souffre, tout le corps souffre », dit l’Écriture sainte; comme membres de l’unique Corps du Christ, nous partageons vos souffrances, et exprimons aux familles des victimes nos sincères condoléances et notre fraternité avec tous ceux qui subissent ces expériences traumatisantes », écrit le pasteur Meylan.

Rappelant le fragile message de la paix de Noël, sans cesse menacée par la folie humaine, et plus actuel que jamais, il invite à la confiance : « N’ayez pas peur » ! Il demande à Dieu de donner la force de « chercher la paix de la poursuivre, afin que toutes les communautés en Égypte puissent vivre ensemble dans la paix, le respect et la justice ».

6 janvier 2011. Célébration des vêpres de Noël à l’église copte de Meyrin

«Bénissez ceux qui vous persécutent.» Un message de pardon, comme des dizaines d’autres brandis hier soir par des fidèles devant l’église copte de Meyrin. Une cinquantaine d’adultes et d’enfants se sont rassemblés silencieusement avant d’assister à la cérémonie du Noël copte. Ils ont bravé ainsi la menace lancée contre une septantaine de ces lieux de culte à travers le monde, après l’attentat sanglant survenu il y a une semaine en Égypte. Face à eux, les flashs des photographes, les projecteurs des caméras. Autour du lieu de prière, des dizaines de policiers genevois et notamment des agents du Détachement de protection rapprochée, chargés de procéder à des fouilles à l’entrée de l’édifice religieux. La menace est prise au sérieux. L’église copte de Meyrin, est la seule en Suisse avec Zurich. Elle figure en troisième position de la liste des églises coptes d’Europe, visées par un site islamiste. «Peut-être parce que la Suisse a refusé de construire des minarets ou parce qu’elle est symbole de paix, avance le père Mikhaïl Megally. Et puis Genève est un symbole international.» Protégé par une longue croix autour du cou et une autre dans sa main, il assure ne pas avoir peur de mourir. Deux autres hommes, membres éminents de l’église, sont, eux, directement visés par les menaces. Comme Whaeed Hassaballa, 58 ans, théologien diplômé de l’Université de Fribourg, qui se présente comme un activiste copte. Sa poignée de main tremblante trahit son émotion. Il n’est «pas effrayé» mais réaliste. «Depuis que je suis engagé dans cette voie, je sais que je serai visé tôt ou tard», confie cet homme qui n’est pas retourné en Égypte depuis sept ans. Se sent-il en danger en Suisse, où il vit depuis trente-cinq ans? Il n’a pas encore pris de «mesures de protection spéciales».

Entre douleur et joie

Entre ses mains, il tient ces mots sur une pancarte: «Aimez vos ennemis». Ce message touche particulièrement le secrétaire de la Communauté des Églises chrétiennes du canton de Vaud, présent par solidarité. «C’est très émouvant, murmure Martin Hoegger, c’est vraiment le message de Noël: le pardon, la joie.» Une joie mêlée de douleur ce soir-là. John Joseph, 24 ans, un fidèle, exprime son sentiment: «J’ai le cœur coupé en deux. C’est un mélange de joie, parce que Jésus est né aujourd’hui, et de peine pour tous nos frères qui sont morts.» L’étudiant en droit à Genève adresse ce message: «Nous voulons que nos droits soient respectés, que l’on puisse prier sans se faire tuer.»

Événements douloureux

Les 28 bougies disposées devant la porte principale vibrent dans la nuit pour rappeler le nombre de chrétiens orthodoxes tués dans l’attentat survenu devant une église copte d’Alexandrie (Égypte) la nuit de la Saint-Sylvestre. Les cloches sonnent le début de la messe à 18 h passées. Dans le bâtiment rénové, inscrit à l’inventaire des monuments, les fidèles arrivent au fur et à mesure, sous l’œil de deux agents postés devant les portes de l’entrée principale. L’encens envahit bientôt l’assemblée. Quelque deux cents personnes sont maintenant réunies. Un message du pape Chenouda III est lu, comme partout dans le monde au même moment. «Ces événements douloureux ont fait surgir autour de nous de toute part des courants de sympathie et de protection.» Le père Megally poursuit avec son propre message. «Si les terroristes pensent nous faire partir, ils se trompent. L’Église copte orthodoxe a ses racines dans le sol du Moyen-Orient.» Dans la salle attenante à la chapelle, trois fidèles s’enquièrent de l’état des blessés. Et du dernier bilan officiel des victimes.

Sophie Roselli et Alain Jourdan (Tribune de Genève)

 

 

 

 

 

 

 

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